Que ne ferait-on pas aujourd’hui pour augmenter son bien-être? Ce n’est pas une doctrine spirituelle où le renoncement a sa part qui fait courir les foules… Le christianisme n’est donc pas en vogue. Par contre, s’il est agrémenté de quelques ingrédients qui assurent le bien-être, beaucoup accourent séduits par cette mystification… et n’hésitent pas à alléger leur portefeuille car le bonheur a un prix.
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Le monde du bien-être est vaste. Il concerne bien des domaines: la santé, l’environnement, l’habitat, le développement personnel et l’estime de soi, la psychologie, la qualité des relations…
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Tout est bon dans cette recherche éperdue vers un bien-être toujours plus grand. Pour cela, il faut un guide. Les propositions ne manquent pas dans la pléthore de formateurs que l’on peut trouver par relation ou sur le web: coach, gourou, médecin, accompagnateur, psychologue, ou autre personne à titre non identifié. Si de plus, cette personne se réclame d’une reconnaissance ecclésiale, elle emporte d’emblée la confiance, sans chercher plus loin. Tout n’est pas à rejeter, loin de là, car beaucoup ont de réelles compétences qu’ils mettent au service des autres. Mais il existe aussi des mystificateurs, qui ne sont pas les derniers pour le succès. Ce qu’ils ont en commun, c’est un schéma de base plus ou moins dilué, que nous allons essayer de résumer.
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Tout commence par l’attirance, en apparence anodine, qu’exerce une promesse de bien-être et la rencontre de l’initié qu’est le formateur, le plus souvent sans qualification professionnelle réelle. Par un jeu de séduction qui capte la personne en recherche, donc en attente de celui qui sait, une fusion s’établit avec ledit formateur entraînant une dépendance, avec abdication de la volonté et de la raison; la personne ne doit pas chercher à comprendre, mais suivre l’intuition, plonger dans les émotions, expérimenter le sensible, pour découvrir ce qui est caché, profondément enfoui, et qui est supposé provoquer souffrance ou mal être. Enfermée dans cette démarche et subtilement amenée sur le terrain de l’irrationnel, la personne risque de se trouver livrée sans le savoir soit directement à un médium, soit à quelqu’un formé par un médium: l’influence peut se répercuter par personnes interposées. Le guide-formateur qui est censé avoir une connaissance particulière de chemins cachés, commence à dévoiler, ou conduit à dévoiler des événements passés qui s’avèrent exacts ou ont toutes les apparences de la réalité; cette « prise de conscience » semble avoir un pouvoir de guérison dont la rapidité dépasse l’action d’un thérapeute classique. Ce qui n’est pas perçu, c’est que derrière le médium il y a le monde occulte et à la source le diable. Une grande importance est même souvent accordée au diable et les soi-disant exorcismes risquent forts de mettre sous l’emprise du diable plus que d’en libérer.
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La doctrine présentée est agrémentée d’éléments de la foi catholique, mais elle fait basculer l’axe qui les organisent. Leur amalgame à des propositions étrangères les déforment à leur racine; en réalité, la doctrine catholique n’est là que pour donner du crédit aux propos, comme peut le faire équivalemment une doctrine bouddhiste ou autre. N’est-il pas significatif que le plus souvent il est bien spécifié que les sessions sont ouvertes aux croyants et aux incroyants? La Bible n’est d’ailleurs pas proposée à des incroyants comme chemin de conversion, mais de moyen pour régler des problèmes. Elle est utilisée en dernier lieu à des fins de bien-être. L’axiome vivre, prier, comme l’on croit, n’est plus un critère clé. Peu importe de quel Dieu il s’agit.
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Qui dit bien-être dit aussi nuisances. Tout ce qui fait obstacle au bien-être doit être éliminé. Il faut nettoyer, purifier, guérir, aussi bien la mémoire, que la famille, l’arbre généalogique, etc.; la prière est alors utilisée pour couper les liens, pour purifier et libérer. On en attend des changements positifs… Mais ce bien-être entraîne souvent des ruptures familiales; ceci est dans la logique même du chemin emprunté qui conduit à regarder l’autre sous l’angle du bien-être qu’il doit m’apporter. Si je perçois sa présence ou son influence comme contraire à mon bien-être, la solution radicale sera de le repousser à cause de sa nuisance… Nous sommes dans le même contexte que la recherche d’émission de « bonnes vibrations », « d’ondes harmonieuses », « d’énergie positive », que l’on trouve dans le Nouvel Âge. Les personnes ne comptent plus, quoi qu’on en dise; c’est une spiritualité de l’exaltation du moi: le moi au centre, les autres ne doivent en aucun cas perturber mon bien-être, ils sont en réalité asservis ou deviennent étrangers à celui qui emprunte ces nouveaux chemins spirituels.
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Nous sommes dans une spiritualité dont l’amour est le grand absent, la prospection permanente de l’ego ne laisse pas de place à l’autre perdu dans les méandres de cette recherche utopique du paradis perdu. Ne serait-ce pas une religiosité méphistophélique introduite subtilement dans l’Eglise sous couvert de psycho-spirituel, par un Nouvel Âge masqué, prometteur de meilleur avec son cortège du pire?
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Il serait temps d’examiner, dans tous les courants issus du Renouveau charismatique, ce qui est du domaine du charisme, de la voyance ou même du spiritisme.
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